La Création

Quelques récits bibliques

Une grande variété de mentions

De la Bible, on connait en général les deux premiers récits qui ouvrent le livre de la Genèse: celui de la création en 6 jours (Gn 1 – 2,4) et celui du jardin d’Eden (Gn 2,4-24), Mais l’Ancien Testament regorge de nombreux textes qui évoquent ou reprennent des récits de création. Sans compter le livre de Job (Jb 38,1 – 40,2), mentionnons les psaumes (par ex. Psaume 19; 65, 7-8; 89,10) et certains récits prophétiques (Es 40,12ss; Jr 10,11ss).

Un bain culturel

Cette variété reflète que les auteurs bibliques sont pleinement insérés dans un bain culturel commun à tout le Proche Orient ancien. On trouve dans le monde babylonien ou dans le monde égyptien (entre lesquels grandit la culture israélite) des récits de création. A Babylone, c’est le récit « Enuma elish » qui raconte comment le grand dieu Mardouk est à l’origine de notre monde. En Egypte, plusieurs récits rapportent la création à différentes divinités selon les époques. Dans tous les cas, l’origine de notre monde est attribué à une divinité suprême. Elle est le fruit d’une action, souvent d’un combat, où la parole prononcée compte autant que le geste posé. Enfin, elle débouche sur une organisation du monde équilibrée ou harmonieuse; cependant des forces contraires peuvent venir menacer ou entraver cette harmonie.

Genèse 1

Tout ce bain culturel imprègne le récit de Gn 1 qui semble être connu de l’auteur du livre de Job puisqu’à la manière dont il décrit l’action créatrice de Dieu on reconnait l’organisation du premier récit de la création. Genèse 1 est une réécriture théologique de différentes mythes du Proche Orient Ancien. Il cherche à affirmer que le Dieu d’Israël, le Dieu unique, est aussi le Dieu créateur de toutes choses. Il s’agit bien d’un texte théologique et non d’une description scientifique. Celles ou ceux qui s’en servent pour s’opposer à des discours scientifiques (comme l’évolution) méconnaissant profondément le caractère spécifique du texte biblique et, en quelque sorte, le trahissent en croyant le servir !

Chaos, inachèvement, fragilité et bénédiction

Le récit de Gn 1 est d’une grande richesse et il n’est pas question d’en livrer une exégèse détaillée ici. Relevons quelques points majeurs.

Le monde n’est pas une création à partir de rien (ex nihilo), mais une action sur le chaos primitif (tohu bohu ou encore tehom) qui organise par la distinction pour permettre à la vie de s’épanouir.

La création est une action inachevée (elle est faite en 6 jours, alors que 7 est le chiffre de la perfection et de l’achèvement dans la Bible) et la maintenir est l’objet d’une activité constante de Dieu pour maintenir sous contrôle les forces du chaos qui ne cesse de menacer la vie. Dans ce cadre, les eaux symbolisent ces forces dangereuses.

La création est une réalisation fragile, sans cesse menacée. Elle est confiée à l’humain qui en a la responsabilité devant Dieu. L’humain en est partie intégrante, mais il n’en est pas le maître, mais le gérant. de quoi réfléchir aux questions écologiques actuelles.

La création est qualifiée de bonne. La vie n’est pas une malédiction ou un cortège de contraintes étouffantes. Par cette qualification de bonne, Dieu bénit (au sens étymologique du terme) la création et continue donc à y être présent et actif.

Une illustration de la vision du monde

Ce schéma, tiré du Dictionnaire encyclopédique de la Bile, paru à Paris en 1932, illustre la manière dont on peut reconstituer la vision du monde telle qu’elle ressort du récit de Gn 1.

Pour en savoir plus

Une vidéo du cours de Thomas Römer au Collège de France

« Genèse 1 -11 » in: Introduction à l’Ancien Testament paru chez Labor et Fides en 2009 (2ème édition)

Remonter