Apôtre

Dans le langage courant, un apôtre est devenu un qualificatif pour une personne qui propage activement une idée ou un doctrine. Précédé de l’adjectif « bon », il peut désigner un personne de mauvaise foi. Qu’en est-il de l’origine, de l’usage et du rôle de ce terme dans le Nouveau Testament ?

Une origine ancienne

Le mot « apôtre » a pour origine un terme grec « apostolos » qui décrit une personne envoyée par une autorité pour accomplir une mission ou transmettre un message dans un pays étranger. Il ne s’agit donc pas d’abord d’un terme religieux, mais politique. Un « apostolos » d’une cité grecque se trouve donc sous une double dépendance. D’une part la dépendance de l’autorité politique qui l’envoie, d’autre part la dépendance à la mission ou au message qui lui est confiée.

Dans la Septante (la traduction grecque de l’Ancien Testament au IIIème siècle avant notre ère), le terme est utilisé pour traduire un mot hébreu qui signifie: « envoyé plénipotentiaire ». C’est-à-dire une personne qui dispose d’un mandat officiel qui lui confère une certaine autorité. Dans 1 Rois 14,6, le prophète Achija se l’applique à lui-même pour se présenter à l’épouse du roi Jéroboam. Bien que les traductions usuelles ne rendent pas le terme technique, mais traduisent par « je suis chargé de ».

Un usage multiple dans le Nouveau Testament

Le Nouveau Testament utilise le mot « apôtre » dans des situations et des sens variés. Mais il est possible de les regrouper selon trois usages.

Tout d’abord, il désigne dans les écrits pauliniens les témoins de la résurrection de Jésus. Dans l’épitre aux Galates (Gal 1,1), Paul se qualifie lui-même d’apôtre. A plusieurs reprises (en particulier dans la deuxième lettre aux Corinthiens, 2 Cor 11,13), il va défendre sa qualité d’apôtre contre des « faux apôtres ». La défense de son titre d’apôtre est liée à la défense de son enseignement. Mais Paul ne se réserve pas ce titre. En 1 Cor 15,9, il l’utilise pour désigner l’ensemble des témoins autorisés de la résurrection. Le titre d’apôtre vient souligner l’autorité de l’enseignement de celui ou celle qui le porte. Au IIIème siècle, Hippolyte de Rome donnera ce titre à Marie de Magdala en tant que première témoin de la résurrection du Christ (Mc 16,1).

Puis, il est appliqué au groupe des Douze. On trouve en effet dans les évangiles de nombreuses mentions d’un groupe de 12 disciples qui entourent Jésus de manière privilégiée. Le chiffre 12 fait évidement référence aux 12 tribus d’Israël. A deux reprises (Mt 10,1-4 et Lc 6,13-16), ces 12 sont qualifiés d’apôtres par Jésus lui-même.

Enfin, ce mot est utilisé pour désigner un ministère dans l’Église primitive (cf. Eph 4,11). Mais il est difficile de savoir quel type de ministère s’exerçait sous ce terme.

Une figure d’autorité dans la constitution de l’Église

Très rapidement, le titre d’apôtre va servir de référence pour asseoir l’autorité des diverses expressions du christianisme naissant. Il va devenir un argument pour faire entrer un écrit dans le canon (cf. ce terme dans le Glossaire). C’est ainsi que l’épitre aux Hébreux va être placée sous l’autorité de l’apôtre Paul. Ou que les évangiles de Mathieu et de Jean seront placés sous le patronage des apôtres éponymes. C’est dans le même mouvement que Marc et son évangile vont être rattachés à la figure de Pierre . Ou que Luc va l’être à celle de Paul.

Pour garantir l’authenticité des enseignements, les Églises naissantes vont utiliser la figure de l’apôtre. Les apôtres deviennent ainsi les intermédiaires obligés entre la figure de Jésus et la doctrine chrétienne. Ils sont présentés comme les garants d’une transmission véridique de l’enseignement du Christ. D’ailleurs dans l’histoire de l’Église, c’est d’ailleurs le terme de « temps apostoliques » qui va désigner les premiers pas du christianisme. Cette compréhension du rôle des apôtres va aussi donner naissance à la thématique de la succession apostolique qui va par ailleurs être fortement contestée par la Réforme.

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