Dieux étrangers

La société israélite partage des représentations religieuses avec les autres peuples aux temps bibliques. Elle en partage même des cultes. Le monothéisme exclusif qui caractérise la société israélite aux temps du Nouveau testament n’interviendra que petit à petit. La perception de ce monothéisme est très différente selon que l’on considère les sources officielles des autorités religieuses ou politique ou que l’on se penche vers la religion populaire dont les sources archéologiques peuvent nous donner un aperçu.

El: dieu suprême du panthéon phénicien

Le nom même d’Israël constitue un indicateur de la complexité de la situation religieuse. En effet, il se termine par le nom « El » comme dans Michel, Emmanuel, Rachel, etc. Or ce nom, avant de pouvoir être traduit par « Dieu » (ce qui implique une unicité), il peut aussi être traduit par « le dieu » ou « la divinité » (ce qui implique une pluralité de références divines. Enfin, ce nom désigne aussi le Dieu suprême du panthéon phénicien et cananéen.

Plusieurs niveaux de religiosité

Pour mieux comprendre la situation religieuse d’Israël, il faut commencer par distinguer plusieurs niveaux de religiosité. Tout d’abord, chaque pays a un dieu national (Kemosh pour Moab, Assur pour l’Assyrie, Baal pour la Phénicie, etc.) qui est souvent le Dieu de la dynastie royale au pouvoir. Chaque cité qui compose le royaume (à l’exception de sa capitale) a souvent sa propre divinité tutélaire. Ces deux premiers cas relève d’une forme de religion civile ou politique, telle qu’elle existera aussi dans l’empire romain. Un troisième niveau est celui des divinités familiales ou claniques, souvent un ancêtre divinisé. (cf. aussi la capsule pédagogique « Téraphim« ). On est ici plus proche d’une religiosité populaire. Enfin, il existe des cultes dédiés à des divinités spécifiques qui ne sont pas forcément des dieux tutélaires ou familiaux. Il s’agit de culte de la fécondité, de la santé, du voyage, etc.

Le croisement des données archéologiques et des textes bibliques montrent que l’attachement à une divinité n’est de loin pas exclusive. On peut offrir un sacrifice à YHWH en tant que citoyen de Juda, rendre un culte à Baal en tant qu’agriculteur et prier les ancètres familiaux divinisés,tout en étant la même personne.

La lutte contre les dieux étrangers

La lutte contre les dieux étrangers est donc tout à la fois une défense de YHWH comme dieu national, mais va également devenir une lutte contre des dieux adorés depuis longtemps au sein d’Israël. Cette lutte va être longue.

Certains interdits bibliques qui peuvent nous paraitre étranges aujourd’hui s’expliquent dans ce contexte de la lutte contre des dieux devenus étrangers (comme l’interdiction des images (Ex 20,4-5), du tatouage (Lv 19,28) ou des femmes prêtres, etc.).

Ce n’est qu’après la catastrophe de – 587 (prise de Jérusalem) que YHWH va passer du statut de Dieu national (lié à un roi, un temple et un territoire) à celui de Dieu unique et universel.

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