Les livres des Rois consacrent plusieurs chapitres à rendre compte du ministère du prophète Élie. Il s’agit essentiellement des chapitres 17 à 19 du premier livre des Rois. Ces chapitres font l’objet d’une étude de notre cours « Raconter son histoire ». L’histoire du prophète est encore rapporté par de plus ou moins brefs épisodes jusqu’en 2 Rois 2,11 où est raconté l’enlèvement d’Élie au ciel sur un char de feu.
La figure du prophète a connu des développements importants dans la tradition intertestamentaire. On trouve des échos de cette tradition jusque dans le Nouveau Testament. Mais le développement des traditions liées à Élie ne s’arrêtent pas là. Sa figure continue à irriguer le judaïsme jusqu’à nos jours. Ce sont ces développements qui seront brièvement présentés ici.
L’enlèvement au ciel
C’est l’enlèvement au ciel du prophète par un char de feu qui est à l’origine de ces développements. Cet épisode a donné lieu à des spéculations liées à l’attente du Messie. Rappelons ici que la religion d’Israël est marquée, depuis la destruction du temple et la fin du règne de la lignée davidique en – 587, par l’espérance croissante du surgissement d’un être choisi par Dieu pour restaurer le royaume, à savoir le Messie. Plusieurs compréhensions de ce qu’est le Messie s’opposent. Elles se combinent au long des siècles pour aboutir à un véritable foisonnement messianique à l’époque de Jésus.
Jusque dans le Nouveau Testament
Certains considèrent que c’est Élie, revenant du ciel, qui sera ce messie. Mais la plupart pense qu’Élie reviendra pour proclamer l’imminence de l’arrivée du Messie, voir pour authentifier son surgissement. Cette conception du retour d’Élie nait par l’interprétation de Malachie 3,1 combinée à Ésaïe 40,3-5. Le messager qui y est annoncé est identifié à Élie. On retrouve des traces de ces conceptions dans le Nouveau Testament où la figure de Jean le Baptiste est clairement identifiée au prophète. On peut lire Marc 1,1-9 (et les récits parallèles dans les autres évangiles) pour s’en faire une idée.
La venue du Messie
Jusqu’à nos jours, le judaïsme continue à associer la venue du Messie à celui du prophète Élie. Ce retour, selon d’autres enseignements rabbiniques, doit avoir lieu un jour de sabbat. Du coup, de nombreuses familles juives gardent une place vide à la table afin de pouvoir accueillir le Messie. Avant de prendre une dimension éthique (la place du pauvre), cette coutume incarne d’abord et avant tout l’espérance messianique du peuple d’Israël.
Une référence mystique
Un autre épisode de l’histoire du prophète est à l’origine de développements postérieurs, celui de la théophanie vécue par Élie au désert (1 Rois 19). Cet épisode fait de ce dernier un initiateur de spiritualité mystique en l’opposant ainsi au culte du Temple. Tous les mystiques juifs font références d’une manière ou d’une autre à Élie et prétendent délivrer un enseignement en son nom.
On retrouve aussi ce statut dans certaines traditions juives qui font d’Élie l’inspirateur des rabbins à l’origine du Talmud. Justement de ceux qui sont à l’origine du relèvement du judaïsme après la destruction du Temple par les armées romaines en 70 après Jésus Christ. Plus tard encore, en s’appuyant sur cette figure d’inspirateur du Talmud dans un moment critique, Élie va devenir la figure du défenseur céleste du peuple d’Israël menacé.