Élection

La notion d’élection divine, de peuples ou de personnes élues est souvent mal comprise et régulièrement controversée. Comment se déploie-t-elle dans les textes bibliques ?

Dans l’Ancien Testament

L’élection y est avant tout une réalité collective et se concrétise dans la conviction que Dieu a choisi Israël comme son peuple. Ce choix se manifeste au travers d’une série d’alliances que Dieu conclu avec lui.

Les raisons de ce choix ne sont pas liés aux mérites du peuple. Ce choix relève de la liberté souveraine de Dieu.

Abraham

Dans le livre de la Genèse (Gn 12), Dieu manifeste son choix en appelant Abram. Mais ce choix n’est pas un choix individuel uniquement, il débouche sur une collectivité, un peuple qui se comprend comme descendants du patriarche. Si ce choix s’accompagne d’une bénédiction particulière, celle-ci n’est pas repliée sur elle-même. Elle est présentée comme la source d’une bénédiction destinée à l’ensemble de l’humanité.

La sortie d’Égypte

Cette alliance / élection constitue aussi un thème central du récit de la sortie d’Égypte. Le Deutéronome insiste longuement sur la responsabilité qui est liée à l’élection. Celle-ci confère à Israël une place particulière parmi les peuples de la terre. Cette place va de pair avec la responsabilité de respecter les commandements divins et de contribuer ainsi à la connaissance de Dieu par l’ensemble de l’humanité. Si Dieu libère son peuple de l’esclavage, c’est pour manifester la volonté de Dieu que tous les peuples vivent cette liberté.

Les prophètes

Une des tâches principales des prophètes bibliques est de rappeler à Israël sa vocation (son appel) et la responsabilité qui en découle. Vertement, les prophètes redisent que le peuple ne peut se prévaloir de la protection / bénédiction divine s’il ne respecte pas les commandements divins. C’est-à-dire qu’il ne remplit pas la mission universelle qui est la sienne. Le respect des commandements n’est donc pas une fin en soi, mais une manière de rendre témoignage à Dieu qui libère. On peut lire par exemple Amos 3,2.

Dans le Nouveau Testament

Dans le prolongement des textes de l’Ancien Testament et de leurs interprétations dans le judaïsme du second Temple, les auteurs du Nouveau Testament reprennent aussi cette thématique de l’élection.

Une nouvelle élection ?

Ce thème est particulièrement présent dans les écrits pauliniens, plus particulièrement dans l’épitre aux Romains (Rm 11). L’élection divine est inaliénable à cause de la fidélité divine. Ceux d’entre les juifs qui ont refusés de reconnaitre en Jésus le Messie ne sont pas pour autant exclus de l’élection divine. Même si les chrétiens constituent un nouvel Israël. Ce dernier ne se substitue pas à l’Israël existant. Malheureusement, cette vision ne sera pas toujours celle de l’Église qui développera une théologie de la substitution, une des racines de l’antisémitisme chrétien.

Les élus

On retrouve ce mot pour désigner les membres des communautés chrétiennes comme dans la première épitre de Pierre. Ce terme s’inscrit dans la droite ligne d’une élection biblique. Il donne aux croyants conscience d’une part de se situer dans une histoire longue qui les dépasse et les porte. D’autre part, il leur rappelle que leur foi en Dieu est aussi un engagement dans le monde pour plus d’humanité parmi les humains. Mis à part certes, mais pour servir l’humanité au milieu d’elle.

Élection et mission: une responsabilité

Cette rapide traversée des textes bibliques permet de comprendre que l’élection procure certes au croyant la certitude de la proximité bénissante de Dieu, mais qu’elle ne saurait être un motif de supériorité. L’élection est avant tout une responsabilité.

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