Gnose / gnosticisme

La gnose

La gnose est une doctrine et une attitude philosophico-religieuse qui postule que le salut de l’humain repose sur une connaissance (en grec: gnosis) de la divinité et de soi. Cette connaissance est souvent réservée à une élite intellectuelle ou social. Le phénomène de la gnose est antérieur au christianisme dans le monde gréco-romain. En fait, il est même présent dans de nombreuses cultures durant des périodes historiques variées.

Le terme « gnose » n’est pourtant pas spécifique à cette doctrine. L’apôtre Paul lui-même utilise ce terme (1 Co 1,5) pour parler des richesses qui comblent les chrétiens à Corinthe.

Le gnosticisme

Le gnosticisme désigne plus spécifiquement un mouvement religieux et philosophique qui se développe dans l’empire romain aux 1er et 2ème siècles de notre ère. Il est donc contemporain de la naissance du christianisme. Le gnosticisme lui emprunte un certain nombre d’éléments, tout comme il le fait avec d’autres religions comme les cultes à mystères ou le dualisme iranien.

Les sources

Le gnosticisme nous est connu d’abord par les polémiques antignostiques des Pères de l’Église, en particulier les écrits de Irénée de Lyon. On en trouve aussi des traces de cette polémique dans les écrits de Nouveau Testament (Eph 2,2 ;3,8 et Col 2,8-20). Ce fait est cependant contesté par de nombreux exégètes. Ces derniers préfèrent parler de pré gnosticisme pour parler des doctrines combattues dans le Nouveau Testament.

Mais le gnosticisme est mieux connu depuis 1945 et la découverte des manuscrits de Nag Hammadi (Egypte). Il s’agit d’une bibliothèque renfermant une cinquantaine de traités philosophiques ou religieux. Ces traités sont nettement d’influence chrétienne: le thème de la résurrection du Christ est très présent. On retrouve aussi cette influence dans les genres littéraires utilisés comme des évangiles (Thomas ou Philippe), des apocalypses (de Paul ou de Pierre), etc. Il s’agit vraisemblablement du contenu d’une bibliothèque d’un monastère chrétien qui a été caché à la fin du 4ème siècle au moment où le gnosticisme subit des condamnations officielles.

Les thèmes principaux

Les thèmes principaux du gnosticisme sont: l’opposition entre le Dieu créateur et le Dieu sauveur; le rôle de révélateur du Christ, l’eschatologie, la morale.

L’opposition entre Dieu créateur et Dieu sauveur

Le gnosticisme suppose l’existence d’un Dieu créateur qui, par sa création, a enfermé l’âme des humains dans une prison matérielle. La création est donc vécue comme une chose mauvaise. Le Dieu sauveur quant à lui révèle à ceux qui en sont dignes une connaissance qui permet d’échapper à cet enfermement.

Le rôle du Christ

Le Christ est ce Dieu sauveur et sa résurrection permet aux humains qui suivent son enseignement caché de libérer leur âme. Il est la manifestation du Dieu sauveur et n’a qu’une apparence humaine. De ce fait, il n’est pas vraiment mort et sa résurrection est la manifestions pleine de sa nature humaine.

L’eschatologie

Le gnosticisme vit aussi dans une forme d’urgence eschatologique. Le combat entre le Dieu créateur mauvais et le Dieu sauveur arrive à son terme et le premier multiplie les attaques contre les humains. Ce qui explique les catastrophes naturelles, maladies épidémiques ou les guerres. Il devient donc urgent pour les humains d’accéder au savoir libérateur pour ne pas s’attacher au monde afin de rejoindre le monde céleste. Les gnostiques ont d’ailleurs développé toute une cosmologie complexes faites de niveau successifs (les ciels ou les éons) dans lesquelles vivent des créatures célestes (les anges et archanges) selon une hiérarchie complexe et difficile à reconstituer.

La morale

La morale est en général considérée comme inutile puisque le monde est destinée à disparaitre. Il n’est donc pas nécessaire de respecter des règles morales particulières. Certains gnostiques pourtant, pour les mêmes raisons, considèrent qu’il ne convient pas de laisser les plaisirs du monde dominer l’âme humaine. Ils prônent donc une forme d’ascétisme sévère.

Pour aller plus loin

Gerd THEISSEN, La religion des premiers chrétiens, Éditions du Cerf / Labor & Fides, Paris / Genève, 2002, p. 364-378.

François BOVON et Pierre GEOLTRAIN (eds), Écrits apocryphes chrétiens vol 1, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris 1997.

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