Une balance à deux plateaux qui permet de peser les bonnes et les mauvaises actions (ou les âmes?), c’est une image qui fait partie de l’imaginaire occidental sur la compréhension chrétienne du jugement. D’où provient cette image ?
Tout d’abord, il faut convenir qu’elle n’est pas biblique. Seules mentions explicites: en Job 31,6 « Qu’il me pèse à de justes balances et Dieu reconnaîtra mon intégrité » et en Daniel 5,27: « Tu as été pesé dans la balance et trouvé insuffisant« . Si dans les deux cas, la balance est bien associée à l’idée de jugement, dans les deux cas aussi, il n’est pas question d’un jugement dernier. Dans le premier cas, c’est Job qui demande pour maintenant que Dieu juge avec justice. Dans le second cas, c’est Daniel qui annonce que le roi de Babylone a déjà été jugé par Dieu et que sa sentence va s’accomplir.
L’association du thème de la balance à celle d’un jugement denier est donc tardive. Elle va pénétrer le judaïsme par l’influence hellénistique, elle même reprenant à son compte une image d’origine égyptienne: la pesée des âmes par Seth telle qu’elle est représentée dans le livre des morts.
Si cette figuration du jugement est absente de l’iconographie des premiers siècles chrétiens, on va la retrouver au Moyen-Age, aussi bien dans l’occident latin que grec. Petit à petit, le rôle de « peseur » revient à l’archange Michel qui est souvent représenté ainsi. C’est ce que montre par exemple le retable du jugement dernier de Rogier van der Weyden (1399 – 1464) exposé au musée des Hospices de Beaune.
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La Réforme protestante du 16ème siècle va bousculer cette manière de se représenter le jugement dernier. Elle va promouvoir le salut par la grâce qui s’oppose au salut par les œuvres. Puisque l’humain ne peut se prévaloir de ses bonnes actions pour être juste devant Dieu, mais qu’il ne peut que faire confiance à l’amour de Dieu; la pesée finale n’est plus nécessaire et elle ne sera pas représentée dans l’iconographie protestante.