La fête de Pâque à l’époque de Jésus

La fête de Pâque, dans l’Israël antique, est le fruit d’une combinaison entre des rites anciens et la tradition de la sortie d’Egypte. Elle est principalement mise en avant sous le roi Josias qui cherche à centraliser le culte à Jérusalem. Que va-t-elle devenir après l’Exil à Babylone et la destruction du temple?

De l’Exil à la reconstruction du Temple,

Avec l’Exil à Babylone, synonyme de destruction du Temple de Jérusalem, la fête de Pâque est gravement menacée. Elle était devenue une fête nationale dans laquelle le rite central (l’abatage de l’agneau) ne pouvait se faire qu’au Temple. Or, il n’y a plus de nation d’Israël politiquement indépendante, ni de Temple. Les armées babyloniennes détruisent la royauté et le Temple en 587 avant Jésus-Christ.

la fête de Pâque perdure dans le cadre familial et communautaire.

La fête de Pâque perdure pourtant. Car elle comporte aussi, dès ses origines, une dimension familiale ou clanique. C’est cette dimension qui est au centre de la célébration de la Pâque durant la période exilique. Comment se déroulait-elle exactement ? Quel rôle y jouait les prêtres en exil ? Il est difficile de le savoir.

La fête au temps du deuxième temple,

Rapidement la domination perse succède à celle des babyloniens. Le roi perse autorise alors les populations exilées à rentrer chez elles. Dès lors, la reconstruction du Temple est à l’ordre du jour. En dépit de difficultés importantes dont les livres d’Esdras et de Néhémie se font l’écho, elle finira pas aboutir.

reprend une dimension collective nationale,

Selon Esdras 6,19, c’est en 515 avant notre ère (soit 72 ans après sa destruction) que la première fête de Pâque est célébrée selon le rituel propre au Temple reconstruit. La fête reprend une dimension collective nationale. Mais cette fois-ci, elle n’a plus de fonction d’unité politique puisque la royauté n’est pas restaurée. Israël est une simple province de l’empire perse.

Nous connaissons un peu mieux la manière dont se déroulait la première des fêtes dans le calendrier liturgique israélite. Les deux livres des Chroniques constituent un témoignage indirect de cette période. Ils se présentent comme une réécriture des livres des Rois et d’une partie des livres de Samuel. En fait, ils effectuent cette réécriture dans un contexte post-exilique. Et les pratiques, entre autres, rituelles qu’ils décrivent sont l’écho de cette période. C’est ainsi qu’en 2 Chronique 35 se trouve le récit de la Pâque de Josias (cf. 1 Rois 23, 21-23), mais raconté à la manière dont se célébrait cette fête dans le second Temple.

comprend deux détails de la fête appelés à un grand avenir …

On notera deux détails intéressants (2 Ch 35, 11). D’une part, ce ne sont pas les prêtres qui égorgent rituellement les agneaux. Mais ce sont « les gens » qui effectuent ce geste dans le cadre du Temple. C’est-à-dire que les simples fidèles (sans doute les chefs de famille) peuvent tuer la bête qui sera ensuite mangée. Cette manière de faire est peut-être une subsistance de la période où il n’y avait plus de Temple et donc plus de prêtrise stable et reconnue. En tout cas, cette pratique favorisera la perpétuation de la fête. Surtout lorsque le second Temple sera à son tour détruit par les romains en 70 de notre ère.

D’autre part, le sang des victimes est remis aux prêtres qui le répandent sur l’autel. Ce geste n’est pas anodin. Dans les récits de l’Exode, le sang recouvre les linteaux des maisons dans la perspective de les protéger du malheur. Le sang a la fonction de repousser le mal, on appelle cela une fonction apotropaïque. Ici, le fait de répandre le sang sur l’autel renvoie plutôt à un sacrifice pour le pardon des péchés (cf. par ex. Lev 4,7). Ce sacrifice est destiné à se réconcilier avec Dieu et à obtenir son pardon. On parle alors de sacrifice expiatoire.

… jusque dans le Nouveau Testament.

La pratique décrite dans le livre des Chroniques montre que le geste rituel prend maintenant une dimension nettement expiatoire. Ce qui sera repris par les écrits chrétiens (dès le Nouveau Testament) pour parler de la mort de Jésus sur la croix lors de la fête de Pâque (cf. par ex. Hébreux 7,27)

La fête au temps de Jésus,

La fête de Pâque va connaitre un important développement durant la période du second Temple. Elle va devenir l’occasion d’un grand pèlerinage pour les habitants juifs du Levant, mais bien au-delà encore. Nous disposons de témoignages de pèlerins venus de la Diaspora pour se rendre à Jérusalem à l’occasion de la Pâque. Le Nouveau Testament s’en fait l’écho également.

décrite par de nombreux témoins,

Nous avons des témoignages sur cette période. Ils sont de deux ordres. D’une part, le livre des Jubilés nous propose une relecture des récits du Pentateuque depuis les patriarches jusqu’à l’instauration de la fête de Pâque. Comme ce livre qui ne figurent pas dans nos bibles modernes, date du 1er siècle; il se fait l’écho des pratiques de l’époque de son écriture. D’autre part, certains récits de la Mishna nous rapportent aussi des échos de la manière dont se célébrait Pâque à Jérusalem au temps de Jésus. Cet écrit juif témoigne aussi du passage de la fête jérusalémite à la fête familiale une fois que le second Temple aura disparu.

devient un pèlerinage à succès,

L’ensemble des sources s’accordent pour dirent le succès de ce pèlerinage. On parle de foules de plusieurs dizaines de milliers de personnes! Le fête est joyeuse. Elle est cultuelle avec l’égorgement des agneaux aux Temple. Mais aussi familiale, puisque l’agneau, tué et rôti au Temple, est consommé lors d’une repas communautaire. Petit à petit, les différents ingrédients qui vont constituer aujourd’hui encore le repas juif de Pâque, se mettent en place. C’est aussi dans ces sources que l’on voit apparaitre la mention de coupes de vins que l’on partage après bénédiction au début et à la fin du repas.

cadre du dernier repas de Jésus.

C’est dans ce cadre liturgique festif qu’il convient de lire les récits du Nouveau Testament qui nous parle du dernier repas de Jésus avec ses disciples lors du pèlerinage de la Pâque (cf. par ex. Luc 22,7 et Mathieu 26,17, cf. aussi la dernière étude de ce cours consacrée à 1 Corinthiens 11,17).

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