La tradition

Un mot utilisé par l’apôtre Paul

L’apôtre Paul, quand il rapporte aux Corinthiens le récit de l’institution de la Ste Cène, introduit ce passage en se référant à ce qu’il a lui-même reçu. Il utilise pour cela un verbe qui signifie: recevoir ou accepter. En général, ce verbe s’utilise pour désigner ce que l’on reçu d’une tradition préexistante qui fait autorité.

Par ce fait, l’apôtre met en œuvre le phénomène de tradition qui est présente dans toute civilisation humaine et plus particulièrement dans les religions. Ce terme de tradition est d’ailleurs appelé à connaître un grand avenir dans la théologie chrétienne.

Un phénomène universel nécessaire

Car l’existence d’une tradition est un phénomène universel et inévitable, aussi universel et inévitable que le besoin de transmettre des doctrines, des histoires, des rituels, des normes morales est constitutif de toute société. Cette transmission est la condition de la stabilité nécessaire à la perpétuation de la vie individuelle et collective. Le mot « tradition » vient d’ailleurs du latin « tradere » qui signifie justement « transmettre ».

Ce rôle de la tradition est d’autant plus marqué dans le monde antique. En effet, dans ce monde, c’est ce qui est ancien qui est normatif. Tandis que ce qui est nouveau est suspect. C’est assez étonnant pour nous modernes qui valorisons, à l’excès peut-être, ce qui est nouveau ou inédit. Cette valeur accordée à ce qui est ancien et qui relève d’une tradition va d’ailleurs exister durant tout le Moyen-Age et ce n’est qu’à partir du 16ème siècle qu’en Occident la tendance va petit à petit se renverser pour aboutir à la situation que nous connaissons aujourd’hui.

La Tradition se constitue petit à petit

Depuis ces débuts et durant plus de 100 ans, le christianisme ne dispose pas d’un corpus de textes de références. Ce n’est que vers le milieu du 2ème siècle que va s’établir le Nouveau Testament tel que nous le connaissons aujourd’hui. Cependant à coté de ce processus de fixation du canon, une tradition va prendre corps. Elle compile des pratiques liturgiques, des fonctionnements institutionnels, des règles de vie personnelle, des polémiques et de l’apologétique.

Dans ce mouvement de constitution et de fixation normative de la tradition chrétienne, Irénée de Lyon en écrivant son ouvrage Contre les hérésies va jouer un rôle majeur. C’est ce livre qui va mettre en valeur les critères qui vont permettre à tel ou tel élément de devenir une part de la tradition. Ces critères sont la transmission de cet élément par une chaine qui remonte aux apôtres eux-mêmes; le fait que cet élément soit reconnu comme ancien ou qu’il rassemble autour de lui ‘unanimité des évêques.

Une contestation par la Réforme

Petit à petit les traditions vont devenir la Tradition qui devient normative à coté des Écritures. C’est aussi cette normativité que les Réformateurs vont contester au 16ème siècle en affirmant le Sola Scriptura. Cette expression latine veut dire que seule l’Écriture est reconnue comme norme de la foi chrétienne. Est-ce à dire qu’il n’y a pas de tradition protestante ? Non, mais la normativité de celle-ci est toujours seconde par rapport à celle des Écritures.

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