Alliance

Le terme « Alliance », qui trouve son origine dans les textes de l’Ancien Testament, va connaître une grande fortune dans la théologie chrétienne et dans la théologie réformée en particulier.

Une origine dans l’Ancien Testament

Le mot « alliance » est la traduction de l’hébreu « beryt » dont l’étymologie renvoie aux notions de « couper », « manger » et par extension « créer un lien ». Il désigne un accord, une convention ou un pacte entre deux partenaires inégaux.

Historiquement, il semble que les écrivains bibliques se soient inspirés des traités de vassalité des envahisseurs assyriens au 8ème siècle avant Jésus-Christ. Ils ont repris ces traités diffusés partout dans le Moyen Orient antique pour en faire un modèle des relations entre Dieu et son peuple (Deut 27,8ss).

Les alliances dans l’AT sont souvent scellés par des actes rituels un repas ou un sacrifice (Gn 15,8ss). De plus, les alliances sont très souvent accompagnées d’un signe qui les manifestent. Cela peut-être un arc en ciel (Gn 9,12), la circoncision (Gn 17,9), une aspersion de sang (Ex 24,1) ou le sabbat (Ex 31,13).

Un prolongement dans le Nouveau Testament.

Dans le NT, c’est le terme grec « diathèkè » qui traduit le mot hébreu. Ce mot grec désigne d’abord l’acte de disposer de ses biens en faveur de quelqu’un. Puis le sens va s’élargir pour désigner un pacte ou un contrat entre deux partenaires. Les textes bibliques vont en faire un usage théologique pour désigner le ministère de Jésus Christ. C’est la nouvelle alliance (Lc 1,72; Rm 11,27) qui succèdes aux anciennes alliances décrites dans l’AT.

Un mot dont le sens va en s’élargisssant

En 2 Co 3,14, l’apôtre Paul utilise les mots « ancienne alliance » pour nommer les écritures d’Israël. Dès le 2ème siècle après Jésus-Christ, les mots « nouvelle alliance » en viennent à désigner les écrits chrétiens retenus dans le canon.

Via le latin, diathèkè est traduit par le mot « testament », ce qui a donné les appellations Ancien et Nouveau Testaments pour les deux parties de la Bible chrétienne.

Un développement théologique au long des siècles

La notion d’alliance est travaillée par des générations successives de théologiens pour rendre compte de la relation de Dieu avec l’humanité. L’alliance constitue une partie centre de la théologie, de ecclésiologie (doctrine de l’Église) et de la doctrine sociale et politique des théologiens réformés.

De manière générale, le thème de l’alliance offre la possibilité de rendre compte de l’ensemble de la révélation biblique en la présentant comme une succession d’alliances en Dieu et l’humanité. C’est ainsi que l’AT contient trois alliances principales. Tout d’abord, celle conclue avec Noé (c’est-à-dire avec l’ensemble de l’humanité) dont le signe est l’arc en ciel. Puis celle conclue avec Abraham dont le signe est la circoncision. Enfin celle avec Moïse marquée du signe de l’arche justement dite de l’alliance. Ces deux dernières concernent le peuple d’Israël. Dans tous les cas, c’est toujours Dieu qui est à l’initiative de l’alliance. En acceptant, l’alliance avec Dieu le peuple s’engage à respecter sa volonté exprimées dans la Loi.

Une notion centrale de la théologie réformée

Zwingli (réformateur de Zürich) et son successeur Bullinger vont développer dès le 16ème siècle inaugurent une véritable théologie de l’alliance qui va durablement marquer la vie des Églises réformées. Cette théologie permet de présenter l’implication dans le monde de Dieu conçut comme extérieur au monde. Tout comme elle permet de présenter l’unité et la continuité entre ancien Israël et la communauté chrétienne. Les deux constituent un seul peuple et une seule Église à travers les siècles.

Cette conception théologique a également des conséquences importantes dans plusieurs domaines. La succession d’alliances à travers le temps valorise d’une part l’histoire comme le lieu où Dieu se manifeste. D’autre part présente une vison progressive et dynamique de de la relation de Dieu avec les humains. Sur le plan des institutions ecclésiales, la théologie de l’alliance a pour conséquence l’idée que la communauté ecclésiale se conçoit comme le fruit d’un accord entre ses membres. Ce qui valorise la notion de peuple de Dieu par rapport à une vision plus hiérarchique. Autrement dit, cela valorise une gestion collégiale du pouvoir dans l’Église. Sur le plan de la doctrine sociale et politique, les mêmes pratiques sont valorisées. La société est conçue comme un pacte social de ses membres. Le pouvoir est exercée de façon collégiale. Bref, cette théologie pose les prémisses des démocraties modernes.

Sur plan de la spiritualité personnelle

La théologie de l’alliance place la relation de l’individu à Dieu dans une histoire longue. Celle-ci donne du sens à l’histoire personnelle. Elle fait du croyant un participant à un collectif qui le dépasse. La vie du croyant s’enracine et s’accomplit en Dieu manifesté en Jésus-Christ.

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