Jésus avait-il des frères?
Le Nouveau Testament mentionne à plusieurs reprises l’existence de frères et de sœurs de Jésus (Mathieu 12,46 ;Marc 3,31 ; Luc 8,19 ; Jean 2,12 ; Actes 1,14 ; 1 Corinthiens 9,5 ; Galates 1,19). L’ensemble des traditions composant les différents livre du NT sont donc unanime sur ce point. Quelques un des frères sont même nommés: Jacques, Joseph, Jude, Simon.
Qu’est ce qu’un frère selon le NT ?
D’un autre côté, les textes du Nouveau Testament nous rapportent des témoignages sur la manière dont Jésus lui-même comprend la notion de frère. En Mathieu 12,50 il est écrit : « tous ceux qui écoute la parole de Dieu et la mettre en pratique sont mes frères ». Le NT qualifie souvent les relations entre membres des églises chrétiennes avec des termes de fraternité ou de sororité. Les écrits néotestamentaires reflètent donc la conception large que peut prendre en grec le terme de « frère ». Il peut désigner soit des frères au sens génétique ou généalogique du terme, soit des membres proche d’une parenté que nous qualifierions aujourd’hui de « cousins », soit encore, dans un usage métaphorique, l’ensemble des membres d’une communauté chrétienne.
Qui sont ces frères ?
Parmi les frères de Jésus dont le nom est mentionné on trouve un certain Jude auquel la tradition a attribué l’écriture de l’épître du même nom. On trouve également un certain Simon dont on ne sait pas grand chose. Enfin, il y a Jacques qui semble jouer un rôle important, voir même dirigeant dans la première communauté chrétienne de Jérusalem.
C’est à lui que l’apôtre Paul s’oppose à plusieurs reprises à propos de la mission de Jésus, ou à propos de l’ouverture de la communauté chrétienne aux païens. Manifestement pour Jacques, il convient d’être d’abord juif avant de devenir chrétien et donc de respecter l’ensemble des pratiques et des usages du judaïsme de son temps. Il n’en va pas de même pour Paul. Selon lui, la foi en Jésus-Christ suffit à faire d’une personne un chrétien.
Le débat va particulièrement porter sur la circoncision. Est-elle nécessaire ou non pour être chrétien ? Il faut encore noter que ce débat est un débat entre deux juifs. Aussi bien Paul que Jacques sont membres du peuple d’Israël, élevés dans une tradition juive forte, et leur enseignement dépend largement de leur éducation juive. Il n’y a donc pas ici d’opposition entre les pagano-chrétiens et les judéo-chrétiens ; mais un débat des partisans de Jésus. à l’intérieur même du judaïsme C’est d’ à ce même Jacques qu’une épître est également attribué.
Quel rôle pour Marie ?
Marie également, semble jouer un rôle dans la première communauté chrétienne. Puisque selon Luc, elle est présente aux débuts de la première communauté de Jérusalem. Elle mentionnée aux cotés de 12 et des frères de Jésus (Actes 1,14). Elle paraît être une figure respectée dans les premiers cercles chrétiens, même si elle disparaît rapidement de nos récits bibliques. Il est également probable que Marie a joué un rôle important pour les chrétiens de tradition johannique puisque l’Évangile selon Jean mentionne explicitement sa présence au pied de la Croix et instaure une relation de responsabilité entre l’apôtre Jean et Marie (Jn 19,26-27).
La famille joue un rôle important et il est critiqué
Enfin par analogie avec d’autres mouvements religieux connus à cette époque ou un peu plus tard (Cf. l’IsIam ou la famille du prophète jouera un rôle essentiel dans la construction de la foi musulmane), la famille de la figure fondatrice joue un rôle essentiel dans les premiers pas de la communauté en question. Il n’est donc pas surprenant qu’il en soit de même pour le christianisme, même si certaines traditions évangéliques sont déjà critiques face à cela. C’est ce qui est reflété par exemple dans les polémiques de Jésus contre sa propre famille (cf. Marc 3,20-35).
Un débat parfois polémique
Jésus avait-il des frères ? La réponse semble donc être oui, sans hésitations. Il est pourtant impossible de déterminer avec certitude selon quelle conception du terme « frère » les écrits du NT utilise ce mot. De plus, il est possible qu’en fonction des auteurs, la compréhension du terme : « frères » change. De longs débat ont toujours traversé le christianisme sur ces questions.
Ils ont pris une vigueur importante au XVIe siècle avec l’arrivée de la réforme protestante et davantage encore avec l’affirmation catholique du dogme de la virginité perpétuelle de Marie. En effet, si Marie était vierge au moment de la naissance de Jésus et qu’elle est restée vierge perpétuellement comme va l’affirmer petit à petit la tradition de l’église catholique, il n’est pas possible que les frères de Jésus partagent avec lui la même mère. C’est pourquoi les théologiens s’inscrivant dans la tradition catholique ont insisté sur le sens large du terme de frères. Ou encore ils parlaient de demi-frères, c’est-à-dire de fils de Joseph nés avant Jésus.
Les théologiens protestants quant à eux insiste, parfois dans une veine polémique à l’encontre du catholicisme, sur le fait que rien n’empêche de penser que Jésus avait bel et bien des frères aux sens génétiques ou généalogiques du terme.
Conclusion
D’un point de vue historique il est difficile de trancher. Chacune et chacun se fera sa propre opinion selon sa propre lecture des textes bibliques et des traditions des Églises.